Il était une fois, dans le merveilleux royaume d’Api, en Terre de Féerie, un bon roi et une reine qui mirent au monde deux filles. Deux filles magnifiques, d’une exceptionnelle beauté. Mais ce que vous devez savoir pour bien commencer cette histoire, c’est que le bon roi Hugues et la reine Lénor, étaient de ce fait des grenouilles. Leur deux filles étaient par conséquent, aussi belles qu’elles peuvent l’être pour leurs semblables.
Leur royaume enchanté, se situait tout au fond d’une mare, où un magnifique château et sa cour résidait. A l’intérieur de ce château fait de minuscules grains dorés et recouverts d’algues, tout était d’or, des murs jusqu’aux plafonds. Des rideaux, jusqu’aux linges de maison. Même les lits, les chaises et les tables, les assiettes, les gobelets et les couverts.
Dans cette mare au château de sable et d’or, il y avait toutes sortes de sujets : des poissons et des grenouilles et surtout des têtards et n’allez pas croire qu’ils ne savaient en rien se distinguer, les grenouilles de la cour d’Api, portaient toutes en gage de leur qualité, de beaux vêtements colorés fait des soies les plus coûteuses et les plus riches. Les dames portaient à leurs cous et leurs poignets de jolies perles brillantes et les messieurs, en guise de boutons à leurs gilets.
Dans cette mare, il y avait aussi toutes sortes de plantes aquatiques, tels les nénuphars, dont les jolies fleurs et les larges feuilles reposaient à la surface de l’eau.
Il y était bien agréable, les jolis mois d’été d’y prendre l’air et d’y batifoler, laissant les doux rayons du soleil caresser la peau. Au dessus de la mare, il y avait bien évidemment des tas d’insectes qui la traversaient : des mouches et des moustiques bien juteux, de jolies papillons colorés et de gracieuses libellules aussi légères que le souffle du vent, en somme de quoi régaler et faire le festin, de toutes les grenouilles présentes ici, à la cour d’Api.
Autour de cette mare, les champs d’herbes verte et fleuries s’étendaient, eux même cernés par de grands bois et c’est ici que notre histoire prend vie.
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La première fille du roi et de la reine qui vint au monde, s’appelait Pomme Reinette. Pomme Reinette, car elle était aussi ronde et verte que peut l’être une pomme et qu’elle serait un jour appelée à régner. La cadette qui vint au monde le printemps suivant, était toute ronde aussi, mais bien plus petite en taille, grise avec une tache rouge en forme de cœur sur le flanc. Ses parents décidèrent de l’appeler Pomme d’Api. Api, en référence au royaume qu’ils gouvernaient.
Les jours s’écoulaient heureux dans le royaume. Pomme Reinette et sa sœur grandissaient, le cœur joyeux et insouciant que porte la jeunesse.
Elles aimaient sauter dans l’herbe et jouer dans l’eau boueuse de la mare. Les deux sœurs disposaient chacune d’un don. L’une, Pomme Reinette était une remarquable couturière et l’autre, Pomme d’Api, une incroyable pâtissière. Chaque jour, elles s’adonnaient à leurs tâches, avec ce qu’elles savaient faire de mieux, confectionnant de merveilleux vêtements de soie d’étoffes riches et des desserts, dont chacun disait, qu’ils étaient les meilleurs jamais goûtés. Avec bien peu, elles faisaient des prouesses.
Malgré le talent inné de leurs deux filles et l’amour qu’il leur portaient, le bon roi Hugue désespérait de ne point avoir eu de fils pour gouverner, car il pensait que seul un héritier mâle, grand et fort, serait assez solide et assez doué pour mener à bien cette tâche. Leurs filles, pensait-il, étaient bien trop douces et gentilles et ni le talent de couturière de Pomme Reinette, ni le talent de pâtissière de Pomme d’Api, bien que remarquable, ne servirait à gouverner le royaume.
Un jour, alors que la gouvernante distrayait au dehors les deux enfants, la cadette disparue et il fut impossible à la nourrice de dire comment cela était arrivé. Tout cela s’était passé si vite ! Cela semblait être parfois, qu’une grenouille trop distraite pour voir venir le danger, finisse dans l’estomac d’un grand oiseau cendré.
Ce fut une période longue et difficile, pour tout le royaume en deuil et comme un malheur n’arrive jamais seul, le temps lui aussi fit des ravages.
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Les années suivantes, les saisons devinrent capricieuses. C’était comme si elles semblaient, elles aussi, manifester leur contrariété, suite à la perte de l’enfant chéri. Le froid des hivers devint dur et saisissant et les chaleurs assenantes de l’été, asséchaient tant et plus, l’eau de la mare dans laquelle le royaume se trouvait. Si bien, qu’elle finit de plus en plus par ressembler à une flaque.
Difficile pour une grenouille, d’y apprécier la vie… bon nombre d’insectes avaient disparu et plus aucuns jolis nénuphars, ne flottaient à sa surface.
Chaque jour, la garde royale s’aventurait hors des terres du royaume, à la recherche de terre plus clémente et de nourriture. Mais il est difficile pour une grenouille de s’aventurer si loin d’un point d’eau. Peu d’entre eux revenait en réalité et le nombre de sujets s’amenuisaient considérablement, chaque jour venant… et bientôt, il n’y eut plus aucuns gardes valeureux pour venir en aide au royaume. Tous avait disparu ! Laissant le bon roi Hugues esseulé, qui n’eut de cesse de penser alors, que dans son malheur, un héritier jeune, grand et fort aurait pu venir à bout de cette situation !
Ah, si seulement…
Assistant silencieusement à tout cela, Pomme Reinette, décida qu’il était temps d’agir. Elle serait un jour reine et il lui faudrait savoir prendre ce genre de décision.
Pour la première fois alors, Pomme Reinette, s’aventura hors des terres du royaume et de la limite qui lui était autorisée à franchir. Elle traversa les grands champs d’herbes sèches et arriva dans la forêt. C’était un endroit sombre et fort étrange pour une petite grenouille, avec toutes sortes de bruits singuliers. Tout était immense et la menait vers l’inconnu. N’écoutant que son courage, elle sautilla parmi les feuilles mortes, entre les brindilles et les rangées de quelques champignons, tout secs et rabougris.
Elle sautilla ainsi un moment. Point de nourriture cependant ! Quand elle arriva près d’un buisson, rempli de jolies baies rouges. Pomme Reinette, commença alors à manger une à une les baies sauvages, quand elle aperçut entre les feuillages du buisson, un drôle de caillou. Pomme Reinette, n’avait jamais vu une telle chose : le caillou avait de grands yeux et la fixait bizarrement.
Prise de panique, elle s’en fut le cœur bondissant !
Les bois d’Api avaient mauvaise réputation pour les jeunes grenouilles inexpérimentées comme elle et il planait sur cette forêt toutes sortes d’horribles histoires… Pomme Reinette, ne voulait pas disparaître comme sa chère sœur, entre les griffes de vils créatures.
Cependant, les jours passaient au royaume d’Api et la faim pesait durement sur les estomacs et la petite grenouille repensait le cœur lourd, au temps où Api, regorgeait de mille victuailles. Elle repensa également, aux délicieux desserts préparés par sa sœur.
Ah, sa pauvre sœur… comme celle-ci lui manquait et que ne donnerait elle pas, pour manger un de ses mets si délicats qu’elle savait parfaitement faire !
Si elle pouvait retourner, ne serait-ce qu’une fois dans la forêt, pour ramener de quoi manger… mais elle était si dense et si pleine de danger que Pomme Reinette redoutait de s’y perdre, se remémorant la chance insolente, qu’elle eu la fois dernière.
Devant la maigre pitance qui lui fut servie le soir, pour tout et en tout, une pauvre mouche sèche et rabougrie, (berk… elle prit le temps de bien la mastiquer, mais même avec toute sa bonne volonté de grenouille, rien n’y fit, son estomac demeurait aussi vide que le fond de la marre), Pomme Reinette décida qu’elle retournerait dans le bois. Après tout, elle avait peut-être mal regardé. L’imagination joue des tours, parfois, elle le savait et le rocher n’avait peut-être pas vraiment d’yeux après tout !
Mais cette fois, Pomme Reinette eut une idée.
Elle mit à profit ses talents remarquables pour la couture et confectionna un long drap, avec tout le tissu dont pouvait disposer le royaume : parures de lits, rideaux, robes, étoffes, tout était fait d’or pur et de soie et tout y passa. La seule richesse qui restait désormais dans le royaume.
A la nuit tombée, elle accrocha un bout du drap d’or, au pied de son lit d’or aussi et le déroula à travers champ, jusque dans la forêt.
Vous vous demandez sûrement pourquoi entreprendre un tel voyage de nuit, alors que les prédateurs sont de sortie ! Et bien, je vous dirais que pour une grenouille, il est plus facile de se déplacer ainsi ! Hors de l’eau, quand le soleil est au plus haut, il lui serait bien trop difficile de tenir et il ne lui faudrait qu’une heure au pire avant de finir toute sèche et rabougrie, comme la pauvre mouche qu’elle eu la veille, pour dîner. La peau d’une grenouille, voyez vous, à besoin de garder son humidité et la nuit, la chaleur est moins tenace et le risque d’évaporation, moins important.
Arrivée au seuil de la forêt, Pomme Reinette, fonça jusqu’au buisson de baies rouges, qu’elle gardait en souvenir, tenant fermement le drap d’or. Une fois arrivée, elle fut déçue d’apercevoir qu’il ne restait malheureusement plus aucunes des délicieuses baies rouge, dans le buisson. Un animal était sans doute passé par là et avait tout mangé. La petite grenouille sentit son cœur se serrer dans sa poitrine.
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Son regard, fut alors attiré par une jolie baie sur le sol. Elle s’approcha et la ramassa, puis en trouva une autre et puis une autre, ainsi de suite, s’enfonçant toujours plus dans la forêt, oubliant un instant même, les dangers qu’elle contenait.
Elle finit par arriver près d’une mare d’eau croupie, à peine plus grande que celle où résidait son château. Une maison faite de brindilles, de feuilles et de mousse, était construite au pied d’un arbre. Pomme Reinette, s’approcha prudemment et trouva sur une table confectionnée de branchages, un joli pot de confiture aux fruits bien rouges, bien juteux, semblable à ceux qu’elle avait mangés. La curiosité l’emporta sur le pire et Pomme Reinette, s’approcha bien davantage. Son instinct lui disait de se méfier, mais son ventre, lui, criait famine. Lâchant le drap de soie qu’elle tenait, elle sautilla timidement jusqu’à la table avec convoitise et lança alors d’une voix peu assurée, à quiconque pourrait se trouver dans les parages :
– Je m’appelle, Pomme Reinette et j’implore ce pot de confiture. Je n’ai mangé depuis hier, qu’une pauvre mouche rabougrie et je meure de faim…
Le silence résonna à travers la forêt. Pas un bruit, un seul… rien ne vint perturber le silence des lieux, sauf peut-être, le cri étrange de quelques oiseaux. Pomme Reinette, risqua alors un geste de la main vers les bocaux et s’en saisit. Elle disparut en rebroussant chemin au plus vite, suivant de près le draps de soie qu’elle avait déroulé et prenant grand soin de le ré enrouler dans sa course, pour que personne ne la suive.
Sur le chemin, cependant, elle entendit un bruit. Un écureuil près d’un arbre, l’observait.
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– Bonjour, dit-il. Qui es tu ?
– Je m’appelle, Pomme reinette, répondit timidement celle-ci.
– Pomme Reinette, répéta l’écureuil. C‘est un joli nom ! Et dis moi, Pomme Reinette, d’où viens tu ?
– Je viens du royaume d’Api, répondit de nouveau la grenouille timidement, par delà les frontières de cette forêt.
– Je ne connais pas, confessa l’écureuil. Où as-tu donc trouvé ce pot de confiture ?
Pomme Reinette ne connaissait pas cet animal qu’elle n’avait encore jamais vu, mais il ne lui semblait pas très effrayant. Il lui faisait même un peu de peine. Sa fourrure ternie, était ébouriffée et on pouvait voir les côtes de ce pauvre animal, qui avait l’air de n’avoir rien mangé depuis plusieurs jours. La famine semblait atteindre bien plus que les limites du royaume d’Api et la gentille, Pomme Reinette, fut touchée par l’état de l’animal. Elle expliqua alors où elle l’avait trouvé.
– Il n’y a plus rien cependant, fit remarquer la grenouille, penaude. Il y en avait un seulement et je crains de l’avoir substituer !
– J’ai huit enfants, déclara l’écureuil. Dont un qui est mort hier de faim et les huit autres ne sauront tarder ! Nous n’avons rien avalé depuis fort longtemps. Si je pouvais ramener ce pot à ma famille, je vous en serai très reconnaissant.
Le ventre du pauvre écureuil, laissa échapper un gémissement plaintif et devant la détresse du pauvre animal, la douce et gentille Pomme Reinette, n’eut point le courage de le lui refuser. Elle se dirigea alors vers le château, pensant qu’elle avait bien fait de garder les quelques baies qu’elle avait trouvé sur le sol, un peu plus tôt et se promit de revenir dès le lendemain.
La nuit suivante, Pomme Reinette répéta son escapade et ne sachant plus exactement où se trouvait la direction de la maison de feuilles et de brindilles, elle réfléchit un instant. C’est alors, que l’écureuil qu’elle avait croisé la veille, apparut sur la plus haute branche d’un arbre, tout près.
– Bonjour, lui lança, Pomme Reinette, ravie de constater que celui-ci avait l’air en bien meilleure santé. Je suis perdue et j’aimerais beaucoup retrouver le chemin, qui mène à la maison de feuilles et de brindilles.
– Continue tout droit, dit alors l’écureuil. Tu y es presque !
La petite grenouille remercia l’écureuil et continua, déroulant le draps, son chemin. Au bout d’un moment, elle aperçut au pied d’un arbre, près d’une mare d’eau croupie, la maison de feuilles et de brindilles. Sur la table faite de branchages, un pot de confiture et comme la fois précédente, elle s’exclama :
– Je m’appelle, Pomme Reinette et j’implore ce pot de confiture. Je n’ai mangé depuis hier, que quelques baies sauvages et je meure de faim…
Mais le même silence, que la vieille demeura. Elle se saisit alors du pot et rebroussa chemin. Sur le sentier, elle eut la chance de rencontrer quelques menus moustiques, qu’elle s’empressa d’avaler, ainsi qu’un menuet*, haut perché sur une branche.
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A son approche, celui-ci s’exclama :
– Bonjour, dit-il. Qui es tu ?
– Je m’appelle Pomme reinette, répondit timidement celle-ci.
– Pomme Reinette, répéta le menuet. C‘est un bien joli nom ! Et dis moi, Pomme Reinette, d’où viens tu ?
– Je viens du royaume d’Api, répondit de nouveau la grenouille timidement, par delà les frontières de cette forêt.
– Je ne connais pas, confessa le menuet. Où as-tu donc trouvé ce pot de confiture ?
Pomme Reinette ne connaissait pas cet animal qu’elle n’avait encore jamais vu, mais il ne lui semblait pas très effrayant. Il lui faisait même un peu de peine, son plumage bleu ciel, était ébouriffé et ternie et on pouvait voir les côtes de ce pauvre animal, qui avait l’air de n’avoir rien mangé depuis longtemps. Elle expliqua alors, où elle l’avait trouvé.
– Il n’y a plus rien cependant, fit remarquer la petite grenouille, penaude. Il y en avait un seulement et je crains de l’avoir substituer !
– J’ai neuf enfants, dont un qui est mort de faim hier, expliqua le menuet sur sa branche, et les neuf autres ne sauront tarder ! Nous n’avons rien avalé depuis très longtemps. Si je pouvais ramener ce pot à ma famille, je vous en serai fort reconnaissant.
Le ventre du menuet, laissa échapper un gémissement plaintif et sa voix n’avait plus rien du son doux et mélodieux qu’on lui connaissait. Devant la détresse du pauvre animal, la douce et gentille, Pomme Reinette, n’eut point le courage de le lui refuser. Elle se dirigea alors vers le château, se promettant de revenir dès le lendemain.
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Chaque nuit ainsi, elle déroula et ré enroula le long drap d’or aux fils de soie, jusqu’à la petite maison de mousse et de feuilles, trouvant sur la table fait de branchages, un pot de confiture et chaque fois, elle croisait un animal dans le besoin, qui lui posait les même questions et finissait par lui donner le pot. Le jour suivant elle revenait et l’animal croisé la veille, lui indiquait le chemin. Elle rencontra ainsi, tour à tour, un renard, un blaireau, un hérisson et même une famille de mulot…
Jusqu’au jour où, arrivée devant la mare, elle s’était saisi d’un pot de confiture et aperçut par la fenêtre de la petite maison de mousse et de feuilles, la même paire d’yeux effrayants, que dans les buissons. Poussant un cri, elle lâcha le pot et s’en fut jusqu’au château, oubliant dans sa course, le long drap d’or, qui resta là toute la nuit, reliant la forêt au château du fond de la mare.
La nuit qu’elle passa fut très agitée et elle ne parvint nullement à trouver le sommeil. Elle repensait seulement au fait, que dans son affolement, elle avait oublié de replier le draps d’or dans la forêt. Si il prenait l’envie à une sombre créature de le suivre, il la mènerait à coup sûr, jusqu’ici et tout le royaume finirait sans l’ombre d’un doute dans son estomac par sa faute.
Ooooh, comme elle s’en voulait, mais à présent elle était si effrayée, qu’elle ne pouvait se résoudre à y retourner !
Ooooh, se lamenta-t-elle, son père avait-il donc raison ? Peut-être que si elle était née mâle, héritier, grand et fort, n’aurait-elle point eu peur de l’étrange apparition et peut-être aurait-elle eu aussi le courage et la force suffisante pour l’affronter et revenir ainsi les bras chargés, apportant de quoi manger à tout le royaume. Elle passa sa nuit à pleurer et à verser toutes les larmes de son corps, regrettant sa condition et ce fut pour ainsi dire une longue nuit.
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Le lendemain, une annonce fut faite, très tôt au château. Un inconnu demandait doléance et déjà la cour s’était rassemblée pour assister à sa venue.
Au travers le peu de membres qui restait, Pomme Reinette, se fraya un chemin parmi la foule. Une étrange créature, revêtu d’un capuchon, s’avançait en boitillant, en direction du trône où siégeait le roi Hugues et son épouse. Pomme Reinette, curieuse, n’arrivait pas à distinguer son visage, dissimulé dans l’ombre du vêtement. L’inconnu traînait derrière lui, un chariot rempli de nourriture. Elle reconnut parmi les victuailles, les bocaux rouges, remplis de douce confitures d’airelles.
– Qui êtes-vous ? s’exclama le roi, à l’inconnu, ne s’attendant pas à la moindre visite.
Une fine barbichette blanche, s’entortillait sous son menton de grenouille et une petite couronne d’or, ornée de rubis, se dressait sur sa tête. Dans l’une de ses petites mains palmées, parsemé de taches sombres, il tenait un sceptre d’or et de rubis aussi. Malgré sa noble et riche condition, il faisait peine à voir. Son corps était aussi maigre et rachitique, qu’un triste vers, s’entortillant au bout d’un hameçon et les nombreuses rides qui parsemaient son visage, inquiet, autrefois rayonnant et joyeux, témoignait de la rudesse des temps qu’il vivait.
Pour toute réponse, l’inconnu laissa d’un geste, tomber son manteau au sol, dévoilant ainsi son visage aux yeux de tous… cela eut l’effet d’une bombe, il y eut dans l’assemblée, un Hoooo, d’exclamation à travers toute la foule. La stupeur pouvait se lire sur tous les visages.
Pomme Reinette, reconnut le drôle de rocher aux grands yeux. Il avait une petite tache rouge, toute petite en forme de cœur sur le flanc. Ce n’était pas un rocher en réalité !
Devant la surprise générale de l’assemblée, il s’agissait de sa sœur Pomme d’Api, bien plus grande de taille qu’elle ne l’avait été et elle ramenait avec elle, bon nombre de victuailles.
Contrairement à ce qui avait été dit, la petite grenouille, n’avait pas été mangée par un grand oiseau cendré. En suivant curieuse un papillon, elle s’était tout simplement trop éloignée de la mare et égarée. Elle avait fini par trouver refuge dans la forêt, ne trouvant plus parmi les herbes hautes, le chemin de retour pour rentrer. Les années avaient passées et elle s’était fait des amis parmi les animaux de la forêt, qu’elle avait aidé par ces temps de famine, grâce à ses talents indiscutés pour la cuisine et le draps d’or que sa sœur avait laissé la veille, qui reliait le château à la forêt, lui avait permis après toutes ses années de retrouver sa route.
A ce moment même, un éclair aveuglant déchira le ciel et illumina la pièce toute entière.
Un violent coup de tonnerre retentit, faisant sursauter l’assemblée.
BRAOUM !!!
Comme un puissant coup de canon ! La pluie commença alors à se déverser en torrent, comme il n’en avait jamais fait jusqu’à lors…
Les quelques membres de la foule s’étaient précipités au dehors pour assister au surprenant spectacle, des litres et des litres d’eau se déversent, remplissant peu à peu la mare asséchée.
Le destin voulut que ce jour-là, le temps ait retrouvé toute sa clémence et en deux jours à peine, le royaume eut retrouvé toute sa joie et sa liesse d’antan et les festivités que donnèrent le roi et la reine, pour fêter leurs retrouvailles, durèrent près d’un mois !
Pomme Reinette était soulagée d’avoir retrouvé sa sœur et elles avaient tant de choses à partager… Pomme d’Api donna sa fameuse recette de confiture d’airelle à la cuisinière, confessant que toutes les pâtisseries, qu’elle avait ramenées jusqu’ici, lui avait été possible de faire, grâce à la gentillesse d’un écureuil, d’un menuet, d’un renard, d’un blaireau, d’un hérisson et même d’une famille de mulot… qui avait entendu dire la détresse dans lequel le royaume se trouvait, l’avait aidé à amasser assez de victuailles, pour qu’elle en fasse ces délicieuses bouchées et les ramène au château et le bon roi qui trouva la confiture d’airelle fort excellente, déclara qu’il s’agirait désormais du met emblématique d’Api et plus jamais ne désira un fils pour roi. Plus jamais ! Car il eut compris que chacun à sa manière, avec ce qu’il savait faire, pouvait contribuer et venir en aide à un royaume dans la misère, même avec de simples talents de couturière et de pâtissière !
Vous l’aurez sans doute compris, la morale de cette histoire indique qu’il vaut mieux s’abstenir de juger quelqu’un sur ces aptitudes, car toutes peuvent être utiles en leur temps et un beau jour, il se pourrait bien que vous en ayez besoin !
Fin
Les Contes de la Fée Bleue
Fairy Time
C’est ainsi que se termine cette histoire, chers amis. J’espère qu’elle vous aura plu ! Ceci est un conte vous l’aurez compris et je tiens à témoigner d’une chose, une seule… cela ne veut pas dire, que parce que cette histoire est un conte, qu’elle n’existe pas !
Sachez que la racine du mot « conte » provient du latin computar, qui veut dire énumérer et désigne aussi le fait de narrer, relater un récit, une histoire vraie, réellement arrivée, pour se divertir ! C’est pour cela que l’on distingue, voyez vous, compter et conter, et lorsque l’on imagine, quelque part, dans un espace infini, se créer une tout autre forme de réalité…
…et les Terres de Féerie, sont riches de nouveaux horizons. 😉
Je vous embrasse et vous dit à bientôt ! 💙
✨✨✨✨
* Menuet : petit oiseau bleu ciel de Féerie, dont le nom et le chant gracieux et noble, inspira une danse à la cour des rois.
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